- Les Allemands dans Issoudun – 1940-1944 |
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LES ALLEMANDS DANS ISSOUDUN (1940-1944) par Jean Michel PASQUET - Papy, notre professeurd’allemand nous emmène passer trois jours en Forêt-Noire. J’en suis ravi car je ne suis jamais allé en Allemagne. Dis-moi, toi qui étais à Issoudun sous l’Occupation, est-ce que les Allemands étaient aussi dans notre ville ? Mon cher Enfant, je dois te dire que les Allemands étaient à Issoudun et dans toute la France bien avant notre débâcle de juin 1940. Nous étions profondément infiltrés par la "Cinquième Colonne", une branche de l’espionnage du Reich… et même dans notre collège ! Et le temps passe, nous ne voyons plus d’Allemands dans la ville. En novembre 1942, à la suite du Débarquement des Américains en Afrique du Nord, ils envahissent la zone dite libre tandis qu’a lieu le sabordage de notre flotte à Toulon. - Tu vois, cela n’a rien d’un hymne guerrier, tout comme notre célèbre "Auprès de ma Blonde" que chantaient les soldats de Monsieur de Turenne en passant le Rhin quand, précisément, avaient cours le Heller et le Batz. Localement, ils se fixent surtout à Châteauroux et réapparaissent en force à Issoudun le 10 juin 1944 par un raid meurtrier. Dans l’euphorie de la libération du territoire, après le Débarquement des Alliés le 6 juin en Normandie, alors que la guerre est loin d’être finie, nous nous sommes trop hâtés à hisser nos trois couleurs sur la place des Marchés. Prévenus par un traître, ou une traîtresse, les Allemands accourent de Châteauroux et de nombreux assistants à la montée de notre drapeau tombent sous les balles de l’Occupant. Mais, mon Enfant, les jours passent et ne se ressemblent pas. Quelques mois plus tard, c’est à son tour de battre en retraite. Il fallait voir ces fuyards exténués traverser la ville en s’efforçant de regagner leur patrie et cela par tous les moyens même les plus dérisoires : un homme en chemise est affalé sur le fût d’un canon, les bras ballants ; d’autres dorment dans un tombereau tiré par un cheval, un attelage dont ils se sont emparés en cours de route. Les plus chanceux roulent à bicyclette, même sans pneus, tel ce gros marin provenant des poches de l’Atlantique. C’est la chasse aux vélos. Deux fuyards arrivent à notre porte, le chien s’élance en aboyant, l’un d’eux sort son pistolet, mon père crie et s’interpose en leur faisant comprendre que nous n’avons plus de bicyclettes. En fait elles sont cachées dans les topinambours derrière la maison. Ouf ! les Allemands repartent sans plus attendre quand, derrière eux, se présente un bel Italien qui demande à ma mère de lui laver son linge. Elle lui répond que nous n’avons pas de savon et, dépité, il repart à son tour. Son uniforme me surprend. Avec une tenue verdâtre et des bandes molletières, il porte un large col marin. Il s’agit sans doute d’un fusilier de la Marine italienne alliée aux garde-côtes allemands.
- Mais pourquoi, Papy ?
Extrait bulletin des Amis de Reuilly N° 147 (mai 2017) |
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XIXème siècle (suite 3ème République)
(suite du N° 143) par Jean-François REILLE Quand la musique hausse le ton Le 14 octobre 1883, Olivier Vinçon-Bordeaux fut élu maire de Reuilly, par 11 voix sur 18. Les années 1880 avaient vu la montée du républicanisme intransigeant opposé aux royalistes modérés. C’était l’époque des persécutions contre les Congrégations. Philippe Lacord, dirigeant d’une entreprise de plâtrerie, était mon arrière-grand-père.(1) Venant de Saint-Florent, il était installé à Reuilly avec sa famille depuis un certain nombre d’années. Il avait, d’après les souvenirs familiaux, une certaine autorité et n’était sans doute pas d’un naturel à se laisser faire. Or, il advint qu’ayant effectué des travaux pour la commune, il avait fourni une facture pour règlement. De l’incident qui suivit, nous n’avons que la version du maire, par la délibération du 4 novembre 1883 :
La division des Reuillois prit un tour plus aigu. Le maire et ses adjoints proclamaient que tout cela était un coup monté par d’anciens conseillers dans un but électoral. De plus, ils avaient à se plaindre du Sous-Préfet : celui-ci avait promis verbalement qu’il ne signerait jamais rien au profit de la société de musique. Cependant, il en avait approuvé les statuts, et surtout, les musiciens pouvaient arborer une dépêche du Sous-Préfet les autorisant à faire danser toute la nuit dans un établissement local, au mépris des arrêtés municipaux.
Il fallait bien sortir de cette situation et les musiciens en étaient conscients. Aussi envoyèrent-ils un émissaire à la mairie le 2 décembre. Ils proposaient de « restituer les 450 francs reçus en subvention et, au cas où le Conseil n’accèderait pas à ce désir, offraient de restituer tous les instruments payés chez M. Gautrot avec cette somme et, au cas où les instruments et autres objets payés par les deniers de la commune ne représenteraient pas la valeur de 450 francs, ils offraient l’indemnité qui pourrait être demandée. » Il était difficile d’être plus conciliant, mais rien n’aurait pu satisfaire M. Vinçon et ses partisans. Le premier adjoint répliqua que l’offre de M. Buret ne saurait être acceptée : « Il n’y a pas lieu de transiger, il nous faut les pièces justificatives, plus de paroles, il faut en finir. Le Conseil, considérant le défi jeté par la musique de Reuilly autorise le maire à user de tous les moyens légaux. » Les trois années de mandat d’O. Vinçon ne furent pas "un long fleuve tranquille" : il y eut les procès intentés par la Municipalité, les tracasseries à l’encontre du curé Alexis Verneuil et des sœurs qui s’occupaient des malades, l’interdiction des processions, la création d’un "bataillon scolaire". A côté des affaires courantes gérées normalement, la Presse de l’époque était pourvue en anecdotes, en incidents plus ou moins violents : réprimandes aux instituteurs Wolf et Négrier pour s’être associés à une manifestation interdite par la mairie, accusation de faux faite par le maire contre le notaire Van Crayelynghe qui se révéla infondée, bagarre générale devant la boutique du cordonnier Ferragu, avertissement au maire pour insulte écrite au Procureur de la République. En juin 1885, il y eut l’affaire des mandats de paiement qui se conclut au tribunal avec condamnation pour le maire à trois mois de prison pour escroquerie en première instance et acquittement en appel.(5) Tout cela ne rendait pas l’atmosphère très sereine pour sûr. Faut-il démolir l’église ? A partir de 1881, l’on prit conscience que le bas-côté nord de l’église de Reuilly (surnommé église de Cerbois) était devenu dangereux et qu’il compromettait la sécurité : « les murs surplombent de 25 cm en dehors par rapport à la base, les lézardes grandissent malgré les gros contreforts, le lattis est craquelé et inondé ». Le Conseil municipal fit passer par le Préfet une injonction au Conseil de Fabrique de la paroisse d’avoir à fermer par un mur les deux arcades ouvertes entre la nef et le bas-côté, par ailleurs assez incommode car il ne permettait guère de voir le prêtre à l’autel, puis de procéder à sa démolition. L’architecte Dauvergne confirma la nécessité de ces travaux pour lesquels une adjudication fut lancée. La vigne et le phylloxéra. Au cours du XIXème siècle, le vignoble de Reuilly et des environs avait connu une remarquable expansion, en raison d’un plus grand nombre de vignerons et surtout de l’agrandissement des surfaces utilisées. Pourtant, depuis 1864, un nouveau danger grandissait venu des Etats-Unis : le phylloxéra. Au 13 octobre 1879, le maire de Reuilly, A. Delaroche, se montrait sceptique. Après tout, jusque-là tout allait bien. Mais bientôt, en 1882, Déols, Neuvy-Pailloux, Issoudun sont atteints par l’insecte ravageur. Et maintenant Paudy. A Reuilly, on espère encore que ce ne sera pas aussi grave. Déjà on savait que le salut pouvait venir des plants américains, seuls capables de résister. Les châteaux et leurs propriétaires. Après Camille Hémery, avocat et maire de Lazenay en 1845, le château de La Ferté était revenu à M. Amédée Hémery de Lazenay dont la fille Louise épousa le marquis Henri de Geoffre de Chabrignac le 4 avril 1859. Celui-ci était Intendant général des Armées, commandeur de la Légion d’Honneur. Il acquit la chambre à coucher de l’impératrice Joséphine. Le marquis et Louise avaient une fille, Marie Henriette, qui se maria avec le comte Alfred d’Escherny en 1887. Reuilly et ses environs au fil des jours. Dans la deuxième moitié du siècle, une partie de la population, surtout féminine, était spécialisée dans la lingerie : lingères, couturières, brodeuses. Signalons la fabrique Daudu, route d’Issoudun. C’est aussi l’époque de la création de la manufacture Willaey, Barre et Chartier, installée d’abord à Maison-Neuve de l’autre côté de l’Arnon. En 1886, 201 personnes travaillent dans la lingerie, renommées pour la qualité de leurs ouvrages.(10)
En 1883, les conseillers appuient une pétition des négociants et commerçants en faveur de l’obtention d’un bureau télégraphique. 1850 : Zulma Carraud, connue comme ayant été l’amie de Balzac, quitte Frapesle et s’installe à Nohant-en-Gracay où son souvenir demeure.
Depuis le XVIIIème siècle, l’église de Luçay-le-Libre n’avait cessé de se détériorer. Un devis fut établi en 1863, comprenant la réfection de la charpente et de la couverture, l’élévation de murs en remplacement de ceux en mauvais état, des fenêtres neuves, la pose d’un dallage en ciment. L’église étant trop petite pour accueillir tous les fidèles, le curé, M. Etienne Gé, préconisait la construction de deux chapelles. L’Administration faisant traîner les choses en longueur et les finances étant à peine suffisantes, il fallut attendre 1888 pour commencer à concrétiser le projet. C’est le curé qui prit l’initiative en donnant une partie de la somme. Le 22 décembre 1889 eut lieu la réception définitive des travaux, sous la présidence de M. Léon Quantin, adjoint.(11)
(Reproduction interdite)
(1) Philippe Lacord possédait de nombreux disques Pathé comprenant musique classique, airs d’opéra, danses des années 1900, ainsi que les gros dictionnaires Larousse où mon grand-père continua toute sa vie de s’instruire. Sur le vieux phonographe, j’écoutais notamment les quatre mouvements du quadrille des Lanciers, pour leur musique entraînante. (2) Version locale de l’expression : "Aller à Canossa". (3) Le garde-champêtre reçu une gratification de 50 F à cette occasion. (4) Registres de délibérations municipales de Reuilly – Archives départ. de l’Indre. (5) Renseignements relevés dans l’Echo des Marchés par Jean-Paul Pilorget. (6) Architecte réputé à Châteauroux où une rue porte maintenant son nom. (7) Archives départ. de l’Indre – Registres de délibérations de la commune de Reuilly et Série 2O. (8) Dans son étude parue dans le bulletin des Amis de Reuilly N° 63, Bernard Moreau donnait les chiffres suivants : en 1685 : 212 hectares - en 1730 : 216 - en 1830 : 600 - en 1900 : 450. (9) Sur Château-Gaillard, lire l’étude de Solange Dequin et Gérard Soulat, bulletins N° 65 et 66. (10) Lire « Un siècle de lingerie » par Claude Nerrand, dans le bulletin N° 42. (11) Lire « Luçay-le-Libre – l’église Saint Pierre » par Aliette Moulin, document Association Romain Guignard 2001.
Extrait du bulletin des Amis de Reuilly N° 145 (novembre 2016) |
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L’origine du nom de Reuilly n’est guère contestée. Elle est attribuée à Rullius, nom du chef de famille d’une villa gallo-romaine auquel fut ajouté un suffixe désignant la propriété. Peu de communes portent le nom de Reuilly en France : une dans l’Aisne, une dans l’Eure, mais on n’oubliera pas de remarquer qu’un quartier de Paris porte ce nom ; sans doute un autre Rullius en fut-il à l’origine. Ce fut après la conquête romaine, probablement à l'occasion d'une opération cadastrale destinée à faciliter la perception de l'impôt foncier, que les noms de ces domaines furent fixés et cela généralement en ajoutant au nom du propriétaire un suffixe exprimant la possession. Donc, à l'époque, tout le monde comprenait sans explications que Rulliacus appartenait à Rullius, comme nous n'hésitons pas de nos jours pour décrypter "la Richardière" ou "la Briauderie"… Le temps passa et les barbares aussi. Les gens du vicus vinrent avec ceux du domaine habiter sur la hauteur défendable où se forma un village : on y revenait après la journée de travail passée sur la route ou dans les champs, et on s'y barricadait en cas d'alerte. Le village conserva le nom du domaine, malgré que Rullius ait été bien oublié, car ce nom était devenu celui de la communauté des habitants, et on ne le comprenait plus. C'est le même phénomène linguistique qui permet de nos jours de donner à un enfant le prénom Bernard sans penser à la signification germanique originelle "l'ours fort" ! Mais comme plus personne ne parlait le gaulois ni le latin et que la prononciation des nouveaux "immigrés" était déplorable… le nom Rulliacus est devenu Reuilly à nos oreilles après avoir subi diverses tortures au cours des âges. Comme pour les noms, la propriété des lieux a atteint une relative stabilité dès qu'il y eut un grand chef capable d'installer des sous-chefs aux bons endroits pour faire régner un peu d'ordre. C'est alors qu'on entre dans l'histoire ayant laissé des traces écrites. La première de celles-ci est le parchemin annonçant à la postérité la donation en l'an 645 (ou 637 selon les sources), par le roi Dagobert à l'abbaye de Saint-Denis-en-France qu'il venait de fonder, de plus de vingt domaines qu'il possédait à Reuilly et dans ses environs. On sait maintenant que ce document est un faux plus tardif, mais aussi que son contenu est, en gros, néanmoins exact… Extrait de "Les origines de Reuilly,
évocation historique", par Jacques Lerale. Bulletin des Amis de
Reuilly N°1 |
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Nous connaissons tous la chanson du roi Dagobert qui tourne celui-ci quelque peu en dérision… Mais ce personnage marqua son époque comme roi d’Austrasie de 613 à 629 puis roi des Francs jusqu’en 639. Il est connu à Reuilly pour avoir donné ce lieu à l’Abbaye de Saint-Denis-en-France près de Paris. Même si l’acte qui le mentionne est un faux, il semble bien que Reuilly appartint à cette abbaye dès l’époque mérovingienne. M. Laurent Theis, spécialiste de la période médiévale, est venu à Reuilly parler de Dagobert, devant 120 personnes désireuses de connaître la réalité d’une époque. La fameuse chanson du bon Roi Dagobert participe de cette légende. Composée au milieu du XVIIIème siècle (Dagobert était mort depuis plus de mille ans), elle est aussi mystérieuse que son auteur, inconnu, et que son héros. Sa musique serait une marche du Poitou mais Monsieur Theis dit "du Berry" pour nous flatter sans doute ! Peut-être tout simplement les noms de Dagobert et Eloi se plient-ils aisément aux rimes en "er" et "oi" : faut-il en chercher davantage ? Chantons-la et n'en demandons pas plus ! Dagobert et Reuilly "Ce que vous attendez !" dit le conférencier. Est-ce Dagobert qui donna Reuilly à l'abbaye de St-Denis de Paris ? On s'appuie sur un document de 637 signé par Dagobert à Orléans. Par cette charte, Dagobert faisait donation en faveur de son fils Clovis II âgé de 3 ans. Elle est contresignée dit-on par un "bataillon sacré" d'évêques et d'abbés présents et témoins. Si son contenu est vraisemblablement basé sur quelque vérité, le texte lui-même serait bien postérieur à Dagobert (vers 990). Beaucoup d'abbayes avaient été spoliées de leurs biens après la mort de Charlemagne. A l'approche de l'an 1000, on cherche à remettre de l'ordre dans les monastères et les églises sous l'influence de Cluny : quelques pontifes s'y emploient. C'est le cas de Richard, Archevêque de Bourges qui fait rendre Reuilly à l'abbaye St-Denis de Paris (il en avait été momentanément détaché). Et pour appuyer ces restitutions les abbayes fabriquèrent de "faux documents" auxquels on ne peut porter foi. Cette remise du temporel est associée à une injonction de l'Église de rétablir les Rois dans le droit chemin : "ni sang, ni argent, ni sexe". Extrait de "11 octobre 1997 : une date gravée dans les annales de Reuilly. Monsieur Laurent Theis nous parle de Dagobert", par Solange Dequin. Bulletin des Amis de Reuilly N°73 |
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