LES AMIS DE REUILLY ET DE SES ENVIRONS
Reuilly et son histoire

- Les Allemands dans Issoudun – 1940-1944
- Mille ans à Reuilly (3ème République)
- Origine du nom de Reuilly
- Le roi Dagobert et Reuilly
- Points de repère
- Reuilly, un site privilégié
- Les Templiers à Reuilly

 

LES ALLEMANDS DANS ISSOUDUN (1940-1944)

par Jean Michel PASQUET

- Papy, notre professeurd’allemand nous emmène passer trois jours en Forêt-Noire. J’en suis ravi car je ne suis jamais allé en Allemagne. Dis-moi, toi qui étais à Issoudun sous l’Occupation, est-ce que les Allemands étaient aussi dans notre ville ?
- Eh oui, mon Petit ! D’ailleurs ils étaient partout en France qu’ils avaient coupée en deux zones et il fallait un laisser-passer pour se rendre d’une zone à l’autre. A vrai dire, ils ne restent pas longtemps à Issoudun, où ils sont entrés vers le 20 juin 1940. Cependant ils s’emparent de nos armes de tous calibres et l’on voit passer en gare d’énormes canons sur rails extraits du dépôt de Neuvy-Pailloux.

Mon cher Enfant, je dois te dire que les Allemands étaient à Issoudun et dans toute la France bien avant notre débâcle de juin 1940. Nous étions profondément infiltrés par la "Cinquième Colonne", une branche de l’espionnage du Reich… et même dans notre collège !
- Comment cela ?
- Je vais t’en apporter la preuve par un témoignage personnel et une confirmation qui, alors, m’ont laissé pantois.
En ce début de l’année 39-40, Monsieur Leyraud, notre professeur de mathématiques en Quatrième, trace au tableau des colonnes qu’il énumère à haute voix : 1ère, 2ème, 3ème… quand, quelque peu espiègle, je m’écrie « Attention à la 5ème ! », ce qui fait rire l’auditoire. Or, mon Petit, je ne crois pas si bien dire.
A mes côtés se tient une grande et belle jeune fille aux cheveux roux, Doris B., avec laquelle je sympathise. Ses deux frères fréquentent également le Collège. L’aîné, mesurant environ 1,90 m, est en Première et son cadet suit les cours de Troisième. La famille habite au début de la rue du Château, face à l’entrée d’honneur de la Mairie. Ils parlent très bien le français et se disent réfugiés de Strasbourg. En dehors des heures de cours, je remarque Doris, toute dévouée, s’affairant, broc en main, dans un centre d’accueil pour réfugiés, un ancien café, "Chez Bleu", boulevard Baron (maintenant Boulevard Marx-Dormoy). Cette conduite charitable ajoute à la sympathie que j’ai pour ma camarade de classe et qui semble me la rendre en dessinant mon portrait.
Puis ce sont les tristes événements de juin. Les Allemands entrent dans la ville. Il fait chaud. Quelques-uns d’entre eux, bien renseignés, cherchent la brasserie Rabussier. Dans leur hâte, ils enlèvent un jeune garçon, Jean Pesce, fils du garde-champêtre, pour les y conduire. Il est effrayé mais est libéré peu après. C’est alors que descendant la rue Nouvelle du Château et arrivé boulevard de la Gare, je vois avec stupéfaction le plus jeune des frères de Doris donner l’accolade à un soldat allemand. Je n’en crois pas mes yeux.
Le lendemain, à l’occasion d’une rencontre avec un camarade de cours, Michel Charbonnier (il tombera par la suite en Indochine), je lui fais part de la scène dont j’ai été témoin. « Mais tu ne sais rien ! me dit-il, sans la moindre surprise, les B. ont quitté Issoudun. Le père a revêtu un uniforme de Major, il est le chef de la Kommandantur à Vierzon ».
Quel choc, mon Petit ! A la honte de la défaite s’ajoute alors en moi celle d’avoir eu quelques élans du cœur pour une fille de l’ennemi.
- Papy, qu’as-tu fait de ton portrait ?
- Je l’ai détruit, rouge de colère. Peut-être ai-je eu tort car Doris savait très bien dessiner et il était assez ressemblant.

La rue de la Concorde

Et le temps passe, nous ne voyons plus d’Allemands dans la ville. En novembre 1942, à la suite du Débarquement des Américains en Afrique du Nord, ils envahissent la zone dite libre tandis qu’a lieu le sabordage de notre flotte à Toulon.
Ils sont de retour à Issoudun et s’installent dans la caserne Châteaurenault. Il y a là de jeunes recrues polonaises incorporées à la Wehrmacht. Les cadres, sous-officiers allemands, les emmènent à la cible au Bois du Roi, route de Vatan, pour les exercer au tir. Je me souviens d’avoir croisé une section qui en revenait et passait par la rue de Rome (aujourd’hui rue Pierre Brossolette), c’était au cours de l’hiver 1942-43. L’un des jeunes glisse et tombe sur la chaussée. Mal lui en prend, le Feldwebel (adjudant) le fait relever promptement à coups de botte en vociférant, tandis que ses camarades poursuivent leur marche en chantant.
- Ils chantaient ?
- Tous les soldats chantent, mon Enfant, au pas cadencé. Que de fois n’ai-je pas entendu les Allemands chanter leur vieil « Heili, Heilo, Heila » dont j’ai eu la possibilité de trouver le disque et la curiosité de le traduire :
« Un Heller et un Batzen (vieilles monnaies allemandes)
Qui étaient tous les deux à moi
Le Heller devint de l’eau et le Batzen du vin, Heili Heilo Heila (bis)
Les hôteliers et les filles crient Ô malheur, Ô malheur
Les hôteliers quand j’arrive, les filles quand je pars (Refrain)
Ce fut une grande joie quand le Seigneur Dieu me créa,
Un gaillard de velours et de soie,
Dommage qu’il boive comme une bête (Refrain) »

- Tu vois, cela n’a rien d’un hymne guerrier, tout comme notre célèbre "Auprès de ma Blonde" que chantaient les soldats de Monsieur de Turenne en passant le Rhin quand, précisément, avaient cours le Heller et le Batz.
- Papy, est-ce qu’ils se promenaient dans la ville ?
- Se promener, c’est beaucoup dire, mais j’ai vu un officier aller au cinéma "Le Paris", rue du Château où ce jour-là on projette "Le Juif Süss", un film antisémite. Le cinéma, mon Petit, est une source de propagande, comme la Presse qui alors diffuse en français des magazines illustrés : les Allemands "Signal" et "Adler", les Italiens "Tempo", qui relatent les avancées triomphales des armées de l’Axe Rome Berlin. D’autres gradés fréquentent le café-billard dans le haut du boulevard Nicolas Leblanc (actuel boulevard de Stalingrad), mais ils ne sont pas inactifs et profitent de leur présence pour rapatrier les restes des leurs, prisonniers de la Grande Guerre et qui, décédés à l’hôpital d’Issoudun, ont été inhumés dans notre cimetière.
Un officier a son bureau près de l’ancien Commissariat de Police. Il loge à "La Chaumière", villa de l’avenue de Chinault. Chaque soir, tête haute, il passe sous l’obscur pont du chemin de fer, près du gué de l’Andraulde. Que de fois avec mes camarades n’avons-nous pas projeté de le supprimer et de le jeter, lesté d’une grosse pierre, au plus profond de la Théols. Mais cet acte irréfléchi aurait provoqué de sanglantes représailles. Aussi nous nous contentons de lui imposer la vue d’un "Vive de Gaulle" peint osten-siblement le long de son passage.
Quant aux jeunes recrues de la Wehrmacht, des adolescents comme nous, quelques-uns nous abordent et nous comprenons qu’ils manquent de nourriture. Alors, au fond d’un café, nous échangeons discrètement des tickets de pain contre des cigares allemands. Ils n’ont rien de havanes mais comment nous plaindre, nos tickets sont faux…
Certains magasins ferment leur porte à l’Occupant par un écriteau autant significatif que provocateur : "Geschlossen" (fermé), cependant que le rideau de la devanture n’est pas abaissé.
Les Allemands ont un dépôt de carburant dans le collège, près de la classe de dessin. Un Gefreiter (caporal) s’y rend chaque matin, tandis que les autres classes sont réqui-sitionnées pour en faire un hôpital militaire et les cours ont lieu à la Sous-Préfecture. C’est là qu’un jour notre professeur d’allemand, Monsieur Chauveau, est contraint de nous transmettre un ordre de sa hiérarchie nous enjoignant d’arracher une page de notre livre. Elle présente "die Grenadiere" de Heinrich Heine, célèbre poète de Düsseldorf qui, à travers les plaintes de deux grenadiers français de retour de Russie et regagnant péniblement leur pays, relate, en vers, la foi qu’avaient encore ceux-ci en leur Empereur déchu.
- Mais pourquoi, Papy ?
- Parce que Heine était originaire d’une famille de confession juive, ce que n’admet pas le régime nazi. Mais notre brave professeur attire notre attention sur le dommage que constitue la détérioration d’un ouvrage qui, de surcroît, n’est pas bon marché.

Localement, ils se fixent surtout à Châteauroux et réapparaissent en force à Issoudun le 10 juin 1944 par un raid meurtrier. Dans l’euphorie de la libération du territoire, après le Débarquement des Alliés le 6 juin en Normandie, alors que la guerre est loin d’être finie, nous nous sommes trop hâtés à hisser nos trois couleurs sur la place des Marchés. Prévenus par un traître, ou une traîtresse, les Allemands accourent de Châteauroux et de nombreux assistants à la montée de notre drapeau tombent sous les balles de l’Occupant. Mais, mon Enfant, les jours passent et ne se ressemblent pas. Quelques mois plus tard, c’est à son tour de battre en retraite. Il fallait voir ces fuyards exténués traverser la ville en s’efforçant de regagner leur patrie et cela par tous les moyens même les plus dérisoires : un homme en chemise est affalé sur le fût d’un canon, les bras ballants ; d’autres dorment dans un tombereau tiré par un cheval, un attelage dont ils se sont emparés en cours de route. Les plus chanceux roulent à bicyclette, même sans pneus, tel ce gros marin provenant des poches de l’Atlantique. C’est la chasse aux vélos. Deux fuyards arrivent à notre porte, le chien s’élance en aboyant, l’un d’eux sort son pistolet, mon père crie et s’interpose en leur faisant comprendre que nous n’avons plus de bicyclettes. En fait elles sont cachées dans les topinambours derrière la maison. Ouf ! les Allemands repartent sans plus attendre quand, derrière eux, se présente un bel Italien qui demande à ma mère de lui laver son linge. Elle lui répond que nous n’avons pas de savon et, dépité, il repart à son tour. Son uniforme me surprend. Avec une tenue verdâtre et des bandes molletières, il porte un large col marin. Il s’agit sans doute d’un fusilier de la Marine italienne alliée aux garde-côtes allemands.
Tous sont dirigés vers la place, en direction de Bourges, par une sentinelle postée sur le pont-aux-ânes à l’angle de la rue du Vernis. Cependant, une dizaine de fuyards se fourvoient dans l’avenue de Chinault et tombent en panne avec leur camionnette. Ils lèvent les bras à la première rafale de fusil-mitrailleur tirée par un groupe de maquisards qui vient de s’introduire en ville.
- Tu les as vus, Papy ?
- Oui mais lorsque la camionnette est passée devant chez nous, mon Père m’a ordonné de rentrer à la maison.
Quoique prisonniers, ces Allemands sont vivants tandis que d’autres sont mitraillés sur la route de Châteauroux par des avions alliés. L’un d’eux est abattu non loin d’Issoudun dans la campagne environnante. Le jeune pilote est sauvé et soigné par un couple de fermiers.
De toute façon, mon Petit, cette retraite ne peut aller bien loin. Tous les ponts sur la Loire sont coupés. Une colonne allemande d’environ 18 000 hommes, ayant à sa tête un général et un amiral, harcelée par des maquisards de plus en plus nombreux, n’a d’autre solution raisonnable que celle de se rendre. La reddition a lieu, selon les lois de la guerre, le 10 septembre 1944 dans les locaux de la Sous-Préfecture d’Issoudun. C’est un fait important dans notre Histoire. Il a été maintes fois relaté, mais sont écartés des pourparlers, à la demande expresse des Allemands, deux représentants du Maquis local.

La rue de la Concorde
Le général Elster

- Mais pourquoi, Papy ?
- Parce qu’aux yeux de l’ennemi, ils ne sont pas considérés comme soldats au sens noble du terme mais comme des terroristes. Cependant, les exclus restent tout ouïe derrière la porte du salon voisin.
Ainsi, à cette date, la ville est définitivement libérée.
Ville martyre, ayant subi un bombardement aérien en juin 1940 et le raid tout aussi meurtrier de juin 1944, Issoudun est décorée de la Croix de Guerre.
Après la fin du conflit, j’ai revu quelques uniformes allemands mais sans insignes militaires. Ce sont ceux de prisonniers placés dans les fermes alentour. Il y en a un chez les P. dans le faubourg de Chinault. Jeune encore, il est traité comme l’enfant de la maison. Un autre prisonnier est devenu notre voisin. Il a épousé la fille du Maître de domaine chez qui il a été placé. Il avait été pris par les Américains à leur entrée en Allemagne, malgré son jeune âge, parce qu’il avait un uniforme ; or, d’après lui, c’était celui de son collège. Il faut dire que sur la fin de la guerre, de jeunes Allemands sont enrôlés dans la Wehrmacht qui avait subi de lourdes pertes en hommes.
- Papy, pourquoi appelait-on les Allemands "les Boches"?
- En fait, il s’agit d’un diminutif de « Alleboche » que j’ai entendu à plusieurs reprises et qui est apparu au cours de la Grande Guerre. Cette expression argotique de l’allemand a pu germer dans l’esprit du Titi parisien, mais ce n’est là qu’un avis personnel. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un terme péjoratif, voire aujourd’hui outrageant, car l’Allemagne et la France sont devenues des nations amies au sein de l’Union Européenne ; le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer ont été les artisans de ce rapprochement.
Des relations amicales entre des villes allemandes et françaises sont scellées par des jumelages. Châteauroux est jumelé avec Gütersloh. Souhaitons que la ville d’Issoudun suive cet exemple.
Votre voyage en Forêt-Noire concrétise ces bons contacts. C’est une bonne initiative de la part de ton professeur et je te souhaite de participer à d’autres séjours Outre-Rhin. Ceci te facilitera l’étude de la langue allemande et t’aidera à comprendre les mœurs germaniques.
Tu découvriras dans l’Allemagne profonde de charmantes petites villes qui ont conservé leur caractère médiéval, comme Goslar dans le Harz, le pays des sorcières.
- Tiens, voici un petit viatique pour la route. Ces Euros, monnaie de l’Europe mais universellement admise, évitent maintenant de faire le change.
- Oh ! Merci mon Papy.
- Bon voyage, mon Petit, je suis certain que tu en conserveras un très bon souvenir.

 

Extrait bulletin des Amis de Reuilly N° 147 (mai 2017)




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MILLE ANS A REUILLY

XIXème siècle (suite 3ème République)

 

(suite du N° 143)

par Jean-François REILLE


Quand la musique hausse le ton

Le 14 octobre 1883, Olivier Vinçon-Bordeaux fut élu maire de Reuilly, par 11 voix sur 18. Les années 1880 avaient vu la montée du républicanisme intransigeant opposé aux royalistes modérés. C’était l’époque des persécutions contre les Congrégations.
En 1881, sous l’administration du maire A. Delaroche, une musique municipale avait été créée et un artisan local, Philippe Lacord, en avait reçu la direction. Le 13 août 1882, les Conseillers approuvaient cette délibération : « Le Conseil, considérant que la musique municipale, quoique fondée depuis à peine un an, a déjà donné de bons résultats et qu’il est bon d’encourager les études musicales, vote en faveur de ladite musique et pour faire face aux achats une somme de 250 francs ». Les instruments achetés devaient rester propriété de la commune et un état en serait dressé.
Certains signes laissaient penser qu’une partie de la population était très opposée au nouveau maire, suite à des antécédents dont nous avons vu des exemples précédemment. Olivier Vinçon avait-il des préventions contre les musiciens nommés par le maire Delaroche ? Toujours est-il que quatre jours après son élection ; mais laissons-le s’exprimer devant son Conseil : « M. le Maire expose que le 18 octobre il a écrit au chef de la musique municipale pour lui rappeler les deux délibérations des 13 août 1882 et 23 mai 1883 portant vote de fonds pour l’achat d’instruments. Le Maire demande un récolement des objets acquis et en même temps si la nouvelle municipalité pouvait compter sur le concours de ladite musique municipale.»

Philippe Lacord, dirigeant d’une entreprise de plâtrerie, était mon arrière-grand-père.(1) Venant de Saint-Florent, il était installé à Reuilly avec sa famille depuis un certain nombre d’années. Il avait, d’après les souvenirs familiaux, une certaine autorité et n’était sans doute pas d’un naturel à se laisser faire. Or, il advint qu’ayant effectué des travaux pour la commune, il avait fourni une facture pour règlement. De l’incident qui suivit, nous n’avons que la version du maire, par la délibération du 4 novembre 1883 :
« Ma lettre, ajoute M. le Maire, est restée sans réponse. J’ai dû écrire à nouveau le 30 octobre. Ce même jour, à midi, le secrétaire de mairie me présentait un mandat à signer pour ledit Lacord, chef de la musique municipale, pour des travaux faits pour la commune. Je fis remarquer au secrétaire qu’ayant besoin de m’entendre avec le demandeur, je tenais que Lacord vint lui-même présenter son mandat à la mairie (2) … A 2 heures du soir, je descendais de la nouvelle école en compagnie de M. Létang architecte et de mes deux adjoints lorsqu’en face de la mairie, le susdit Lacord venant à ma rencontre me demanda d’un ton furieux et insolent pourquoi je ne voulais pas lui signer son mandat.» Invité à entrer à la mairie, P. Lacord aurait alors exprimé sa colère, devant un maire doux comme un agneau. On a le droit de le croire… « En présence de ce fait, et pour faire respecter l’autorité, je crus de mon devoir de révoquer le susdit Lacord de ses fonctions de chef de musique. Vous connaissez le reste, Messieurs, pour jeter un défi à la face de l’autorité locale, la musique était immédiatement convoquée et prenait la résolution de sortir le 1er novembre. Je regrette vivement ce qui s’est passé,… mais obligé de maintenir mon autorité, j’ai cru devoir ordonner au garde-champêtre (3) d’arrêter la musique municipale si elle jouait dans la rue et de dresser procès-verbal au directeur. »(4)

La rue de la Concorde
En 1900 : à dr. la mairie et école de filles – au fond l’école de garçons

La division des Reuillois prit un tour plus aigu. Le maire et ses adjoints proclamaient que tout cela était un coup monté par d’anciens conseillers dans un but électoral. De plus, ils avaient à se plaindre du Sous-Préfet : celui-ci avait promis verbalement qu’il ne signerait jamais rien au profit de la société de musique. Cependant, il en avait approuvé les statuts, et surtout, les musiciens pouvaient arborer une dépêche du Sous-Préfet les autorisant à faire danser toute la nuit dans un établissement local, au mépris des arrêtés municipaux.

La rue de la Concorde
Philippe Lacord sur le grand pont

Il fallait bien sortir de cette situation et les musiciens en étaient conscients. Aussi envoyèrent-ils un émissaire à la mairie le 2 décembre. Ils proposaient de « restituer les 450 francs reçus en subvention et, au cas où le Conseil n’accèderait pas à ce désir, offraient de restituer tous les instruments payés chez M. Gautrot avec cette somme et, au cas où les instruments et autres objets payés par les deniers de la commune ne représenteraient pas la valeur de 450 francs, ils offraient l’indemnité qui pourrait être demandée. » Il était difficile d’être plus conciliant, mais rien n’aurait pu satisfaire M. Vinçon et ses partisans. Le premier adjoint répliqua que l’offre de M. Buret ne saurait être acceptée : « Il n’y a pas lieu de transiger, il nous faut les pièces justificatives, plus de paroles, il faut en finir. Le Conseil, considérant le défi jeté par la musique de Reuilly autorise le maire à user de tous les moyens légaux. »

Les trois années de mandat d’O. Vinçon ne furent pas "un long fleuve tranquille" : il y eut les procès intentés par la Municipalité, les tracasseries à l’encontre du curé Alexis Verneuil et des sœurs qui s’occupaient des malades, l’interdiction des processions, la création d’un "bataillon scolaire". A côté des affaires courantes gérées normalement, la Presse de l’époque était pourvue en anecdotes, en incidents plus ou moins violents : réprimandes aux instituteurs Wolf et Négrier pour s’être associés à une manifestation interdite par la mairie, accusation de faux faite par le maire contre le notaire Van Crayelynghe qui se révéla infondée, bagarre générale devant la boutique du cordonnier Ferragu, avertissement au maire pour insulte écrite au Procureur de la République. En juin 1885, il y eut l’affaire des mandats de paiement qui se conclut au tribunal avec condamnation pour le maire à trois mois de prison pour escroquerie en première instance et acquittement en appel.(5) Tout cela ne rendait pas l’atmosphère très sereine pour sûr.
Cela se termina le 6 juin 1886, par la délibération suivante : « En vertu d’un décret rendu par M. le Président de la République en date du 30 mai dernier, M. Vinçon, maire de Reuilly, est révoqué de ses fonctions. Par sa lettre du 3 juin, M. le Sous-Préfet prie le Conseil de vouloir bien désigner un membre de cette assemblée pour remplir la fonction de maire. » Les conseillers fidèles à M. Vinçon résistaient, ils ne voulaient pas de son départ. Mais celui-ci leur tint ce petit discours : « Mes chers concitoyens, la loi est formelle, je vous remercie de votre nouveau témoignage. Je vous engage à choisir à cette fonction notre sympathique ami Avon. »
M. Etienne Feuillet-Avon fut élu maire de Reuilly. Ses adjoints étaient MM. Gouard-Mouchet et François Bonnet.
Aux élections du 15 mai 1892, M. Alfred Martin fut élu maire. Ses adjoints étaient Jean-Baptiste Clément et Jules Paty.

Faut-il démolir l’église ?

A partir de 1881, l’on prit conscience que le bas-côté nord de l’église de Reuilly (surnommé église de Cerbois) était devenu dangereux et qu’il compromettait la sécurité : « les murs surplombent de 25 cm en dehors par rapport à la base, les lézardes grandissent malgré les gros contreforts, le lattis est craquelé et inondé ». Le Conseil municipal fit passer par le Préfet une injonction au Conseil de Fabrique de la paroisse d’avoir à fermer par un mur les deux arcades ouvertes entre la nef et le bas-côté, par ailleurs assez incommode car il ne permettait guère de voir le prêtre à l’autel, puis de procéder à sa démolition. L’architecte Dauvergne confirma la nécessité de ces travaux pour lesquels une adjudication fut lancée.
L’on s’avisa alors que l’église allait être réduite d’un tiers alors qu’elle était déjà insuffisante. Devant les protestations indignées de la population, le Conseil de Fabrique fit traîner les choses en longueur, allant jusqu’à utiliser la somme votée pour des travaux au presbytère, ce qui lui sera reproché.
D’ailleurs, cette année 1881 fut celle de tous les dangers pour l’église, car l’architecte Dauvergne disait bien d’autres choses dans son rapport. Constatant les nombreux endroits qui avaient besoin d’une réfection, il écrivait ceci : « Dans ces conditions, l’on doit raisonnablement conclure à la reconstruction totale plutôt qu’à la réparation de cet édifice ». Comme la question de l’insuffisance de places pour les fidèles était clairement posée, il avait envisagé que la nouvelle église pourrait s’étendre de 4 mètres au chevet, de 8 mètres au sud, de 10 mètres à l’ouest, de 4 mètres au nord.
Si le rapport causa quelque émoi, au fond, personne n’avait envie d’en arriver à cette extrémité. On fit appel à un autre architecte, M. Létang (6), qui visita les lieux le 22 décembre 1881. Celui-ci conclut tout au contraire : « Nous dirons que la restauration de l’église de Reuilly est possible, et qu’à notre avis, elle pourrait subsister encore longtemps, grâce à des réparations bien entendues et soigneusement exécutées. » (7)
Le bas-côté nord était toujours debout. En novembre 1884, le maire O. Vinçon, cette fois d’accord avec l’ancien Conseil municipal, renouvela la protestation contre sa démolition, invoquant le grand nombre d’habitants (2700) et le manque de places. Peut-être aussi redoutait-il les dépenses à venir pour l’église, son curé et ceux qu’il nommait ses "partisans". Mais dans le même temps, le Préfet avait alerté l’Archevêque de Bourges, qui réagit auprès du Curé. Il n’y avait plus moyen de reculer et la démolition fut exécutée.

La vigne et le phylloxéra.

Au cours du XIXème siècle, le vignoble de Reuilly et des environs avait connu une remarquable expansion, en raison d’un plus grand nombre de vignerons et surtout de l’agrandissement des surfaces utilisées. Pourtant, depuis 1864, un nouveau danger grandissait venu des Etats-Unis : le phylloxéra. Au 13 octobre 1879, le maire de Reuilly, A. Delaroche, se montrait sceptique. Après tout, jusque-là tout allait bien. Mais bientôt, en 1882, Déols, Neuvy-Pailloux, Issoudun sont atteints par l’insecte ravageur. Et maintenant Paudy. A Reuilly, on espère encore que ce ne sera pas aussi grave. Déjà on savait que le salut pouvait venir des plants américains, seuls capables de résister.
Le 20 mai 1883 arriva à Reuilly une lettre du Sous-Préfet disant « qu’après avoir constaté l’existence du Phylloxéra sur divers points de l’arrondissement et notamment dans les deux cantons d’Issoudun, le Comité d’étude et de vigilance a cru devoir adresser un pressant appel à tous les vignerons et les engager à se constituer en syndicat. »
Le 7 septembre 1884, c’est devenu réalité : une tache de phylloxéra vient d’être découverte dans un clos au centre de la commune. Le Conseil donne un avis favorable à l’importation de cépages américains et demande qu’un membre du Comité de surveillance vienne à Reuilly diriger le traitement.
En 1889, les trois quarts du vignoble de Reuilly étaient touchés. Des écoles de greffage furent créées. D’autres moyens de traitement furent imaginés, avec peu d’efficacité semble-t-il. Malgré tout ces efforts, la surface du vignoble reuillois fut beaucoup diminuée.(8)
En 1878 disparut la coutume de faire fixer le ban des vendanges par la Municipalité. On dénombrait à cette époque 164 vignerons.

Les châteaux et leurs propriétaires.

Après Camille Hémery, avocat et maire de Lazenay en 1845, le château de La Ferté était revenu à M. Amédée Hémery de Lazenay dont la fille Louise épousa le marquis Henri de Geoffre de Chabrignac le 4 avril 1859. Celui-ci était Intendant général des Armées, commandeur de la Légion d’Honneur. Il acquit la chambre à coucher de l’impératrice Joséphine. Le marquis et Louise avaient une fille, Marie Henriette, qui se maria avec le comte Alfred d’Escherny en 1887.
Le château de l’Ormeteau, vendu à la Révolution comme bien national à Pierre Cartier puis à Rémi Tourangin, fut acquis ensuite par M. Martinet, ancien juge de paix à Issoudun. Une modification intervint à cette époque : le colombier, trop proche du château, fut démoli et reconstruit plus loin.
Au XIXème siècle, les propriétaires de Château-Gaillard furent Robert de Sainthorent, son fils François-Etienne, puis Cyr Jacques de la Châtre, sous-préfet d’Issoudun et son épouse Jeanne Crublier de Miran. La propriété fut vendue en 1871 à Gustave Amédée Hémery, résidant au château de Lazenay. Celui-ci fit construire le mur d’enceinte de la propriété. En 1888, Anne Noémie Hémery comtesse de Frédy en devint propriétaire. (9)

Reuilly et ses environs au fil des jours.

Dans la deuxième moitié du siècle, une partie de la population, surtout féminine, était spécialisée dans la lingerie : lingères, couturières, brodeuses. Signalons la fabrique Daudu, route d’Issoudun. C’est aussi l’époque de la création de la manufacture Willaey, Barre et Chartier, installée d’abord à Maison-Neuve de l’autre côté de l’Arnon. En 1886, 201 personnes travaillent dans la lingerie, renommées pour la qualité de leurs ouvrages.(10)
Les gendarmes étaient installés dans des bâtiments loués à des particuliers, mais cela entraînait des difficultés. En 1875, on commença la construction d’une gendarmerie.

La rue de la Concorde
La Gendarmerie de 1875

En 1883, les conseillers appuient une pétition des négociants et commerçants en faveur de l’obtention d’un bureau télégraphique.
Dans les années 1880, le cimetière, situé à l’endroit du parc de stationnement de la salle des fêtes, est transféré à son emplacement actuel.
En 1884, on décide de poser des plaques pour indiquer le nom des rues.
En 1886, on atteint le maximum de population pour Reuilly : 2776 habitants.
Le 20 septembre1893 : naissance du peintre Paul Surtel à Reuilly où ses parents, Marcel Surtel et son épouse née Touzelet, tiennent le Grand Café. La famille est originaire de Diou.
L’éclairage public est remplacé par de nouvelles lampes mieux conçues. Un prestataire a la charge de fournir les lampes et de les entretenir.

1850 : Zulma Carraud, connue comme ayant été l’amie de Balzac, quitte Frapesle et s’installe à Nohant-en-Gracay où son souvenir demeure.
Dans les années 1850, l’église de Paudy vit son clocher reconstruit et couvert en ardoises, augmenté d’une croix en fer avec coq en cuivre doré. La pointe du pignon de la façade fut également refaite. En 1862, la sacristie fut reconstruite.

La rue de la Concorde
L’église de Paudy (photo J.F. Reille)

Depuis le XVIIIème siècle, l’église de Luçay-le-Libre n’avait cessé de se détériorer. Un devis fut établi en 1863, comprenant la réfection de la charpente et de la couverture, l’élévation de murs en remplacement de ceux en mauvais état, des fenêtres neuves, la pose d’un dallage en ciment. L’église étant trop petite pour accueillir tous les fidèles, le curé, M. Etienne Gé, préconisait la construction de deux chapelles. L’Administration faisant traîner les choses en longueur et les finances étant à peine suffisantes, il fallut attendre 1888 pour commencer à concrétiser le projet. C’est le curé qui prit l’initiative en donnant une partie de la somme. Le 22 décembre 1889 eut lieu la réception définitive des travaux, sous la présidence de M. Léon Quantin, adjoint.(11)

La rue de la Concorde
L’église de Luçay-le-Libre (photo J.F. Reille)

 

(Reproduction interdite)

 


(1) Philippe Lacord possédait de nombreux disques Pathé comprenant musique classique, airs d’opéra, danses des années 1900, ainsi que les gros dictionnaires Larousse où mon grand-père continua toute sa vie de s’instruire. Sur le vieux phonographe, j’écoutais notamment les quatre mouvements du quadrille des Lanciers, pour leur musique entraînante.

(2) Version locale de l’expression : "Aller à Canossa".

(3) Le garde-champêtre reçu une gratification de 50 F à cette occasion.

(4) Registres de délibérations municipales de Reuilly – Archives départ. de l’Indre.

(5) Renseignements relevés dans l’Echo des Marchés par Jean-Paul Pilorget.

(6) Architecte réputé à Châteauroux où une rue porte maintenant son nom.

(7) Archives départ. de l’Indre – Registres de délibérations de la commune de Reuilly et Série 2O.

(8) Dans son étude parue dans le bulletin des Amis de Reuilly N° 63, Bernard Moreau donnait les chiffres suivants : en 1685 : 212 hectares - en 1730 : 216 - en 1830 : 600 - en 1900 : 450.

(9) Sur Château-Gaillard, lire l’étude de Solange Dequin et Gérard Soulat, bulletins N° 65 et 66.

(10) Lire « Un siècle de lingerie » par Claude Nerrand, dans le bulletin N° 42.

(11) Lire « Luçay-le-Libre – l’église Saint Pierre » par Aliette Moulin, document Association Romain Guignard 2001.

 

Extrait du bulletin des Amis de Reuilly N° 145 (novembre 2016)




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L’origine du nom de Reuilly n’est guère contestée. Elle est attribuée à Rullius, nom du chef de famille d’une villa gallo-romaine auquel fut ajouté un suffixe désignant la propriété. Peu de communes portent le nom de Reuilly en France : une dans l’Aisne, une dans l’Eure, mais on n’oubliera pas de remarquer qu’un quartier de Paris porte ce nom ; sans doute un autre Rullius en fut-il à l’origine.

Ce fut après la conquête romaine, probablement à l'occasion d'une opération cadastrale destinée à faciliter la perception de l'impôt foncier, que les noms de ces domaines furent fixés et cela généralement en ajoutant au nom du propriétaire un suffixe exprimant la possession. Donc, à l'époque, tout le monde comprenait sans explications que Rulliacus appartenait à Rullius, comme nous n'hésitons pas de nos jours pour décrypter "la Richardière" ou "la Briauderie"…

La rue de la Concorde

Le temps passa et les barbares aussi. Les gens du vicus vinrent avec ceux du domaine habiter sur la hauteur défendable où se forma un village : on y revenait après la journée de travail passée sur la route ou dans les champs, et on s'y barricadait en cas d'alerte. Le village conserva le nom du domaine, malgré que Rullius ait été bien oublié, car ce nom était devenu celui de la communauté des habitants, et on ne le comprenait plus. C'est le même phénomène linguistique qui permet de nos jours de donner à un enfant le prénom Bernard sans penser à la signification germanique originelle "l'ours fort" ! Mais comme plus personne ne parlait le gaulois ni le latin et que la prononciation des nouveaux "immigrés" était déplorable… le nom Rulliacus est devenu Reuilly à nos oreilles après avoir subi diverses tortures au cours des âges.

Comme pour les noms, la propriété des lieux a atteint une relative stabilité dès qu'il y eut un grand chef capable d'installer des sous-chefs aux bons endroits pour faire régner un peu d'ordre. C'est alors qu'on entre dans l'histoire ayant laissé des traces écrites. La première de celles-ci est le parchemin annonçant à la postérité la donation en l'an 645 (ou 637 selon les sources), par le roi Dagobert à l'abbaye de Saint-Denis-en-France qu'il venait de fonder, de plus de vingt domaines qu'il possédait à Reuilly et dans ses environs. On sait maintenant que ce document est un faux plus tardif, mais aussi que son contenu est, en gros, néanmoins exact…

Extrait de "Les origines de Reuilly, évocation historique", par Jacques Lerale. Bulletin des Amis de Reuilly N°1




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Nous connaissons tous la chanson du roi Dagobert qui tourne celui-ci quelque peu en dérision… Mais ce personnage marqua son époque comme roi d’Austrasie de 613 à 629 puis roi des Francs jusqu’en 639. Il est connu à Reuilly pour avoir donné ce lieu à l’Abbaye de Saint-Denis-en-France près de Paris. Même si l’acte qui le mentionne est un faux, il semble bien que Reuilly appartint à cette abbaye dès l’époque mérovingienne.

M. Laurent Theis, spécialiste de la période médiévale, est venu à Reuilly parler de Dagobert, devant 120 personnes désireuses de connaître la réalité d’une époque.

Le prieuré

La fameuse chanson du bon Roi Dagobert participe de cette légende. Composée au milieu du XVIIIème siècle (Dagobert était mort depuis plus de mille ans), elle est aussi mystérieuse que son auteur, inconnu, et que son héros. Sa musique serait une marche du Poitou mais Monsieur Theis dit "du Berry" pour nous flatter sans doute ! Peut-être tout simplement les noms de Dagobert et Eloi se plient-ils aisément aux rimes en "er" et "oi" : faut-il en chercher davantage ? Chantons-la et n'en demandons pas plus !

Dagobert et Reuilly

"Ce que vous attendez !" dit le conférencier.

Est-ce Dagobert qui donna Reuilly à l'abbaye de St-Denis de Paris ?

On s'appuie sur un document de 637 signé par Dagobert à Orléans. Par cette charte, Dagobert faisait donation en faveur de son fils Clovis II âgé de 3 ans. Elle est contresignée dit-on par un "bataillon sacré" d'évêques et d'abbés présents et témoins. Si son contenu est vraisemblablement basé sur quelque vérité, le texte lui-même serait bien postérieur à Dagobert (vers 990). Beaucoup d'abbayes avaient été spoliées de leurs biens après la mort de Charlemagne. A l'approche de l'an 1000, on cherche à remettre de l'ordre dans les monastères et les églises sous l'influence de Cluny : quelques pontifes s'y emploient. C'est le cas de Richard, Archevêque de Bourges qui fait rendre Reuilly à l'abbaye St-Denis de Paris (il en avait été momentanément détaché). Et pour appuyer ces restitutions les abbayes fabriquèrent de "faux documents" auxquels on ne peut porter foi. Cette remise du temporel est associée à une injonction de l'Église de rétablir les Rois dans le droit chemin : "ni sang, ni argent, ni sexe".

Extrait de "11 octobre 1997 : une date gravée dans les annales de Reuilly. Monsieur Laurent Theis nous parle de Dagobert", par Solange Dequin. Bulletin des Amis de Reuilly N°73


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